lundi 13 janvier 2020

Un vendredi 13

On dit que ce jour particulier porte malheur. Il y en a plusieurs par an. Les dates et les calendriers étant une invention humaine, les malheurs qui pourraient être liés à ceux-ci sont donc également d'origine humaine. Rien n'est ni divin, ni diabolique.

Il y a quelques années, la série télévisée Dolmen, avec comme héroïne la belle Ingrid Chauvin, nous a remis en mémoire une pratique qui n'avait rien de légendaire, les naufrageurs.
Il s'agissait d'attirer les navires sur les brisants à l'aide de lampes afin de voler les marchandises qu'ils transportaient.

Les navires ne se dirigeant plus, et on pourrait déplorer que les officiers de quart les ignorent désormais, aux amers, c'est l'électronique qui fait office de lanternes et les naufrageurs sont ceux qui volontairement ou non font taire les alarmes, car tout est prévu, il y a pléthore de règlements et de garde-fous et de sonneries que chacun de ces naufrageurs s'évertue à contourner.

L'histoire pourrait commencer de cette manière : "Il était une fois un vendredi 13... " mais on a vu que c'était un jour comme un autre, la seule importance de cette combinaison n'étant que celle qu'on veut bien lui donner. Il était donc une fois un navire, moderne, bardé de toute l'électronique possible et imaginable, qui se dirigeait vers une île de Méditerranée par une sombre nuit d'hiver. A bord, c'était le clinquant et la fête. Les femmes étaient en robe de soirée, un spectacle de magie venait de commencer et le commandant dînait en galante compagnie dans un restaurant situé complètement à l'arrière du navire, à trois cent mètres de la passerelle de commandement.

Cette île n'était pas la destination du navire. Il faisait seulement un détour pour saluer des touristes, que j'ai la faiblesse de considérer comme très peu nombreux sur les plages en janvier, vers 21 heures et je ne crois pas non plus que les passagers se pressaient sur les ponts en vue d'admirer un petit port éclairé par trois lampadaires à la vitesse de 15,5 nœuds, mais c'est l'excuse qui a été donnée pour aller perdre un navire transportant plus de quatre mille personnes à cet endroit.

Vous pouvez voir sur cette image empruntée à un blogueur averti de ces questions, le trajet de ce navire vers l'île.
L'image radar que le tribunal qui jugeait l'affaire a diffusé par le biais d'un journal italien a confirmé ce trajet.

Il était donc une fois un navire de croisière avec de nombreuses personnes montées à bord pour faire la fête, inconscientes de l'endroit où les menaient ceux en charge de la sécurité du navire.
Cet endroit, au bout du trajet représenté ici, le voici :


La falaise descend à pic dans la mer. Le fond est à environ 100 mètres. Personne n'habite là. Il n'y a pas de routes. Imaginez-vous cet endroit dans l'obscurité d'une nuit sans lune, lorsque le navire sur lequel on se trouve est en train de chavirer et de prendre l'eau.


Vue d'en haut, près du phare dont la lumière n'atteint pas le pied de la falaise à cause du relief. Ce phare qui est la seule construction humaine du lieu.

image issue du site MTB-MAG que je remercie.

Il semble que ce conte de naufrageurs était bien parti pour faire quatre mille morts un vendredi 13 janvier dans une catastrophe maritime survenue au pire endroit, jusqu'à preuve du contraire.

Je vous rassure, cette histoire s'est plutôt bien terminée pour la plupart de ces personnes car le commandant de ce navire, Francesco Schettino, actuellement en prison après un procès spectacle, est intervenu pour tenter d'éviter l'île sans toutefois parvenir à maîtriser tout son personnel. On a quand même déploré 32 morts dont une petite fille (les femmes et les enfants d'abord) qu'on peut surtout attribuer, toujours jusqu'à preuve du contraire, à la conception désastreuse du navire et à une mauvaise maintenance.

Il était une fois, le Costa Concordia...



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

D'avance, merci de vos réactions.