Liberté d'expression

Le 27 septembre dernier, La Ligue des Droits de l’Homme a annoncé avoir déposé devant le Conseil d’Etat un recours contre un décret du ministère de la Justice, publié en juillet, punissant d’une amende de 1.500 euros l’outrage au drapeau français. La Ligue des Droits de l'Homme estime dans un communiqué que ce décret est « en violation de la Constitution et du principe de liberté d’expression »

Il répond à un fait divers qui n'en est pas un. L'accrochage dans un lieu commercial d'une photo qui représente un homme en train de se torcher avec un drapeau tricolore.

Ce décret s'ajoute à une précédente législation datant de 2003 sur le « délit d'outrage au drapeau ou à l'hymne national lors d'une manifestation organisée », puni de 7 500 euros d'amende, assortis de six mois d'emprisonnement lorsqu'il est commis en bande organisée.

La photo incriminée a été primée par le jury d'un concours organisé par la FNAC à Nice, dont le thème était « politiquement incorrect ».
Elle avait été publiée à l'époque dans la presse locale.

Le préfet s'en étant offusqué, une plainte a été déposée, classée sans suites par le procureur de la République de Nice. Consciente du problème et soucieuse de calmer les esprits, la directrice de la FNAC de Nice avait d'ailleurs fait retiré la photo dès la première remarque. L'affaire aurait du s'arrêter là.

C'est oublier que le gouvernement ne respecte pas les décisions prises par la justice ou l'assemblée nationale et bafoue donc ces deux institutions ouvertement. (Voir comment certaines lois passent en force après plusieurs votes)
C'est dans cet état d'esprit que le tandem Alliot-Marie Hortefeux a décidé de prendre des sanctions et que le décret cité ci-dessus a vu le jour.

Voilà, c'est fait, nous avons, en France, rétabli le délit de blasphème qui s'appliquait sous l'Ancien régime au domaine religieux.
Retour du sacrilège dans notre législation via un fétichisme déplacé.
Cette vénération au drapeau est comparable à celle des intégristes qui idolâtrent des reliques censées être celles des saints.
Sous prétexte de laïcité, on nous impose de combattre les symboles religieux. Est-ce pour imposer un nouveau culte dont les "reliques" seraient les couleurs bleu blanc rouge ?

Je vais alors poser trois questions :

1) On se rappelle l'affaire des caricatures qui avait suscité de vives réactions du monde musulman. Personne n'a cédé au chantage, au nom de la liberté d'expression. Des drapeaux danois ont été brûlés, sans réactions de la part des danois qui ont estimé que les musulmans avaient également le droit de s'exprimer. Ma première question est donc :
La représentation des couleurs de la république a t-elle plus de valeur que celle du prophète Mahomet ?

2) La république est-elle donc si peu respectable qu'il faille un arsenal de menaces et de punitions pour y contraindre le citoyen ?

3) De nombreuses marques utilisent le drapeau français sur leurs emballages. Doit-on garder avec soin toutes les étiquettes, rubans, cocardes qui ornent les poulets prêts à cuire ou les fromages au lait cru sous prétexte que les jeter au feu serait un outrage à la république ?

Je pense urgent de demander à nos élus la création d'un organisme de recyclage contrôlé seul habilité à disposer de ces encombrants symboles.
(Pour la petite histoire, j'ai souvent remarqué sur des poulet estampillés tricolore la mention halal. Amusant non ?)

Je précise pour finir sérieusement, que cette affaire a coûté leur emploi à deux personnes :
La responsable communication du magasin de Nice, enceinte de plusieurs mois, licenciée pour « faute grave » au motif qu'elle avait fait son travail et le cadre de l'action culturelle, contactée par la première pour un avis, au motif qu'il est resté dans le cadre de sa mission.
Le PDG de la FNAC, Christophe Cuvillier, a ouvert là un parapluie grand comme le ciel. On tiendra compte de la solidarité dont il a fait preuve envers ses salariés.

Lorsqu'on s'éloigne un peu et qu'on regarde l'ensemble des évènements, de l'image de départ jusqu'à ses conséquences, que voit-on ?
Que la moindre anecdote est magnifiquement récupérée par l'état policier français.
Sans l'intervention de nos politiques de droite, cette photo, politiquement incorrecte, selon le thème imposé, et seulement exposée au niveau local, serait passée complètement inaperçue.
Tout est bon pour faire ce qu'on veut faire lorsqu'on marche vers la dictature.

10 raisons de dépénaliser l'outrage.

Ligue des Droits de l'Homme, pétition en ligne
pour en finir avec le délit d’outrage et le crime de lèse-majesté
Pour le respect des libertés publiques et contre les violences policières.