Josip Broz Tito.
Je me suis intéressée à la Yougoslavie alors que le Maréchal Tito en était le président. Je suis allée dans les 6 républiques, Slovénie, Croatie, Monténégro, Bosnie et Herzégovine, Macédoine et Serbie.
Vous remarquerez que ni la Vojvodine ni le Kosovo ne font partie de la liste, ce sont des provinces serbes.
J'étais là pour étudier l'histoire de l'art. J'ai aussi cotoyé les habitants. A Novi Beograd, où se trouve l'université de Belgrade, mais aussi dans tout le reste de la Yougoslavie où j'ai visité de nombreux endroits souvent difficile d'accès dans des conditions parfois difficiles.
Il n'y avait pas de routes partout, encore moins de voies ferrées et j'étais à pieds avec peu de moyens vu que j'étais étudiante.
Ceux que j'ai rencontrés m'ont tous aidé à leur manière, toutes nationalités confondues.
Mes sujets d'étude étaient principalement dans la montagne et plus particulièrement, justement, au Kosovo où se trouvaient, je suis malheureusement obligée d'en parler au passé, des bijoux d'architecture médiévale sacrée.
Ci contre, une façade de l'église de la Sainte Vierge près de Suva Reka, datant du 14ème siècle. A l'intérieur se trouvaient des fresques d'une finesse remarquable et très bien conservées représentant des saints et des martyrs orthodoxes.
Je suis contente de les avoir vues, d'autres n'auront pas cette chance.
Après l'arrivée des soldats allemands de la KFOR, les serbes ont été chassés et, du 15 au 20 juin 1999, les Albanais ont incendié le presbytère et la maison paroissiale, profané les tombes dans le cimetière, vandalisé l'église, brûlant le mobilier qui se trouvait à l'intérieur et, finalement, ont fait sauter l'église à l'explosif sans être inquiétés.
Le but est d'éliminer toute trace de la présence historique serbe au Kosovo. La communauté albanaise entend laisser d'autres traces, comme cette mosquée toute blanche affirmant la nouvelle identité religieuse unique de l'endroit.150 églises et monastères ont connu le même sort en 1999.
L'église n'a évidemment pas été reconstruite. Il n'y a plus de Serbes, ni de chrétiens à cet endroit et, cherchant sur google earth d'autres endroit où je me suis rendue, je me suis aperçue que les noms avaient été changés et étaient désormais écrits en albanais, ce qui motive la suite de cet article.
Je ne fais pas partie de ceux qui pensent que les croyants d'une religion ou d'une autre sont un danger les uns pour les autres. La foi est une affaire privée qui s'accommode mal de grandes démonstrations publiques et je laisse la plus grande liberté à chacun dans ce domaine. J'ai conscience que la religion a été utilisée au Kosovo comme moteur de la guerre. J'ai connu des familles mixtes au Kosovo, leurs voisins et amis étaient de religion ou de nationalité différentes. Ils avaient en commun une langue, et de merveilleux paysages.Ils vivaient simplement, au jour le jour, sans se poser de questions.
Il a été dit que les Serbes étaient minoritaires, il est vrai qu'ils avaient boudé le recensement. Mais pourquoi y avait-il tant d'Albanais au Kosovo ?
Pour le comprendre, il faut revenir en arrière de quelques dizaines d'années. Au cours de la seconde guerre mondiale, des alliances se sont nouées, L'Italie, la Croatie et l'Albanie aux côtés de l'Allemagne nazie, la Grèce du côté des Alliés, la Serbie déclarant sa neutralité. Lorsque, en 1941, les troupes allemandes voulurent traverser la Serbie, le Roi, Pierre, refusa, ce qui irrita fortement Hitler qui se déchaina, contre le peuple serbe, bombardant les villes et ouvrant des camps d'extermination faisant 700 000 morts parmi les civils serbes, auxquels il faut ajouter des Roms et des Juifs réfugiés en Serbie.
Après l'occupation italienne, jusqu'en 1943, qui permet de constituer une "Grande Albanie" par l'annexion du Kosovo, l'Allemagne nazie proclame la "Grande Albanie ethnique".
En août 1945 le gouvernement de Tito proclame une loi spéciale interdisant aux 100 000 Serbes chassés du Kosovo par les Albanais durant la deuxième guerre mondiale de regagner leurs foyer.
L’ouverture de la frontière avec l’Albanie conduit alors des dizaines de milliers d’Albanais à occuper les demeures serbes au Kosovo. (Souvenons-nous que Tito était Croate)
En une seule génération, l'épuration ethnique du Kosovo avait changé le profil démographique de la province.
C'est un mouvement d'extrême-droite, l'UCK, qui met le feu aux poudres dans la région.
Des agents de renseignements américains ont admis avoir participé à la formation militaire de l'UCK et des sources britanniques fiables ont révélé que des services de renseignements militaires allemands auraient participé à l'entraînement et à l'équipement de l'organisation terroriste. Dans le même temps, le capital financier américain impose de sévères sanctions économiques à la Yougoslavie, afin de mettre son économie en péril. Enfin, viennent les mensonges qui enflamment les média occidentaux, le prétendu massacre de Racak en janvier 1999 et l'opération "Potkova" mot croate désignant un fer à cheval, inventée de toutes pièces par Joshka Fisher, ministre allemand des Affaires étrangères. Il n'y a pas besoin de beaucoup de logique pour comprendre que si l'opération avait été réellement montée par des Serbes, ils auraient au moins utilisé un mot de leur propre langue pour la désigner.
Peu importe, les média et avec eux, l'opinion publique commencent à s'indigner, les rumeurs de purification ethnique s'amplifient, les chiffres des victimes supposées s'envolent et c'est dans ce contexte que l'OTAN commence ses frappes aériennes sur la Serbie. Onze semaines de bombardements au cours desquelles l'OTAN a largué 35.000 bombes à fragmentation, utilisé des milliers de projectiles contenant de l’uranium appauvri, des obus perceurs de bunkers et des missiles de croisière sous prétexte de pacification.
Ces lourdes frappes de l'Otan, auxquelles les Français ont participé, ont fait un total de 3502 morts dont 2500 civils dans Belgrade, auxquels il faut ajouter 12.500 blessées et mutilés. Plus de 480 écoles, 33 hôpitaux, de nombreux dispensaires, 60 ponts, des sites industriels, des usines chimiques, des centrales électriques et la totalité du réseau d’électricité ont été détruits. Aujourd'hui, en 2011, tout n'est pas reconstruit et il reste de nombreuses séquelles.
Mais le Kosovo dans tout ça ?
Et bien son indépendance a été reconnue en vitesse par les USA, mais pas par l'Europe dont toutes les nations n'ont pu se mettre d'accord, et il a été doté d'une constitution proclamée le 17 février 2008.
Voici une image de la cérémonie, dans le plus pur style hollywoodien avec orchestre et drapeaux (dont la légende est indiquée) et oh...! de magnifiques étoiles sur fond bleu.
Alors, à part dans cet ancien article du défouloir, où voit on ces étoiles ?
Sur le drapeau des USA...
Sur lequel les étoiles représentent les états.
Sur celui de l'Alaska...
Dont les étoiles représentent une constellation bien connue.
Sur celui de l'Union Européenne...
Qui compte autant d'étoiles que de nations.
Et, sur celui du Kosovo !
Dont les étoiles sont censées représenter une multiethnicité qui n'existe plus.
Vous comprenez le sens de mon titre maintenant ?
Les Etatsuniens ont tout fait pour mettre la Serbie à feu et à sang et soutenir l’indépendance du Kosovo, et ce contre la résolution 1244 de l’ONU qui garantit l’intégrité territoriale de la Serbie.Le Kosovo est évidemment un endroit stratégique pour eux et l’OTAN, ils y ont construit la base de Bondsteel, une des plus grandes du monde.
Merci d'avoir lu cet article jusque là. J'en avais écrit bien plus, mais j'ai supprimé. Le sujet n'est pas facile et je craignais de vous endormir.
Reprenez des forces, car la prochaine fois, je vous parle de Ratko Mladić et de Srebrenica.