Poisson d'avril

Non, vous ne vous trompez pas, il s'agit bien d'un corbillard.
Quel rapport avec les farces qu'on fait habituellement au premier avril ?

Et bien, tout comme il ne faut pas faire traverser les dames âgées qui n'ont rien demandé, il faut également s'abstenir de plaisanter avec les personnes dépourvues d'humour qui croient que le monde leur appartient.

Alors que je disais à mon mari, lequel a quitté le domicile conjugal depuis plus de mille et une nuits, que j'allais inviter mon amant pour Pâques, je me suis entendue répondre cette phrase pour le moins inattendue :
"Toi, j'espère que tu vas te dépêcher de mourir."
Le ton employé ne laisse guère de doute, ce n'était pas une plaisanterie.

Jusqu'ici, j'ai regardé ses coûteuses frasques conjugales avec indulgence. Il me semblait que nous avions réussi à inventer une relation qui pouvait être amicale, à défaut d'être maritale. J'ai supporté qu'il encense son égérie durant des années, lui montrant que son infidélité de coeur ne me retirait rien. Visiblement, cette possibilité est à sens unique.

Cette remarque, ajoutée à celle-ci "Cette fois, ce ne sera pas le frein à main, ce sera carrément le pare-brise." me laisse penser que ma vie est menacée. D'autre part, il m'a déjà fait le coup du frein à main, et aussi celui du coup de masse dans le pare-brise et aussi les ruptures de fils téléphoniques et autres arrachages de tringles à rideaux et je suis encore là.
Finalement, je crois que j'ai bien fait de faire cette plaisanterie de 1er avril. Elle a eu le mérite de me révéler que je vis aussi avec un fou dangereux et cette réponse a aplati les dernières hésitations que j'avais à demander le divorce pour rupture de la vie commune, car, en aucun cas on ne dit à la femme qu'on dit aimer qu'on souhaite sa mort, sauf si on est un pervers.

Ah, il faut que je vous dise, je n'ai invité personne pour Pâques, c'était un poisson d'avril...