Attentat atlantiste en Syrie

Transcription après la vidéo.


Thierry Meyssan sur le massacre à Al-Ikhbariya... par cbknikII

En Europe, lorsqu'on parle de liberté d'expression, c'est une discussion aimable. Mais, dans le reste du monde, quand vous utilisez votre liberté d'expression pour dénoncer l'impérialisme, ça se termine comme ça.

Donc, ils ont pris nos collègues, qui étaient là-bas, trois présentateurs de la chaîne, ils les ont ligotés les maisn dans le dos et les ont amenés ici. Ils les ont exécutés ici.

Dans la guerre médiatique qui se déroule autour de la Syrie, vous vous demandez probablement qui dit la vérité, car au fond, il y a deux thèses, ceux qui disent que ce pays fait l'objet d'une révolution intérieure et d'une terrible répression et ceux qui disent au contraire que ce pays est attaqué par des puissances étrangères qui ont envoyé ici des armées de mercenaires et des commandos très sophistiqués qui se livrent à des destructions d'infrastructures et à des assassinats ciblés.

Alors, pour comprendre ce qui se passe, vous devez garder en mémoire ce qu'est le système de propagande. La propagande, ça consiste à, d'un côté, vous intoxiquer en vous donnant de fausses informations et d'un autre côté, vous empêcher de recevoir une information contradictoire. Pour cela, il faut censurer et détruire les autres media qui peuvent apporter la contradiction.

Donc, au cours des derniers mois, les Etats-Unis et l'Union Européenne ont interdit la diffusion par satellite vers l'Europe et les Etats-Unis des chaînes syriennes qui pourraient exprimer ce point de vue contradictoire. Non seulement ça, mais l'Union Européenne a pris des décisions nominatives contre des journalistes et des responsables de media, les accusant de soutenir un régime sanguinaire et de cette manière-là, les privant du droit de circuler et énonçant diverses sanctions à leur égard.

Alors, il était prévu de couper les chaînes satellitaires syriennes, de les retirer des canaux satellitaires de Nilesat et d'Arabsat, à la demande de la Ligue Arabe et de leur substituer de nouvelles émissions qui auraient été créées par d'autres chaînes, fabriquées par la CIA ou par le Pentagone. Il y en a déjà toute une série qui existent à destination de la Syrie sur le satellite. Ils pouvaient aussi usurper les logos des chaînes actuelles et donc les spectateurs en Syrie auraient vu soudain d'autres images quand ils auraient allumé leur télévision.

Là, on devait utiliser des images tournées en studio, des studios énormes qui ont été construits déjà à Doha au Qatar, mais des nouveaux ont été construits en Arabie Saoudite, reproduisant les grandes places syriennes, les lieux importants, et des images de synthèse qui provoquent des mouvements de personnages réels à partir de d'images authentiques au départ. Donc, on aurait pu voir l'Etat abdiquer et des manifestations populaires entièrement fictives apparaître à la télévision. Donc, l'idée, c'était de donner le sentiment que tout était déjà perdu.

Et puis, il y a eu une mobilisation considérable pour empêcher ça. D'abord, des centaines de sites internet se sont mobilisés. Différents gouvernements se sont manifestés, à commencer par la Russie qui a adressé une lettre de convocation aux différents partenaires pour le groupe de contact qu'elle est en train de créer autour de la question syrienne et mettant à l'ordre du jour, point numéro un, l'arrêt immédiat de la guerre médiatique contre la Syrie.

Et puis, il y a eu une lettre du gouvernement syrien au conseil de sécurité expliquant le complot qui était organisé par l'OTAN aves la participation de la Ligue Arabe et de certains états particuliers comme la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, l'Arabie Saoudite et le Qatar.

A la suite de ça, cette opération a été annulée et d'autant que le gouvernement syrien avait prévenu la population de ce qui se tramait et de ce que de nouveaux satellites, notamment Atlantic Bird se mettait à diffuser les émissions syriennes.

Alors, il y a eu un acte de vengeance pur et simple. On a envoyé un commando ici, dans les studios où nous nous trouvons, et ce commando a entièrement rasé cette télévision.

Nous sommes dans un emplacement qui est en fait à la campagne, à quinze kilomètres de Damas. Il y a quatre très grands studios, des salles de montage et tout ça. Donc un commando est arrivé ici. Ils ont tué les gardiens, il y avait quatre gardiens, qui ont été assassinés, et puis après, ils ont fait prisonniers les présentateurs de la télévision, ils les ont ligotés, ils les ont fait sortir et ils les ont abattus. Et puis ils ont détruit tout le studio qui est autour de nous. Ils ont fait sauter les différents bâtiments, tout ça en quelques minutes. C'est une opération très organisée par des commandos très très bien formés, ça n'a rien à voir avec la population syrienne. Ici, il n'y a pas de révolution, il y a une attaque extérieure et simplement, la manière dont ça s'est passé, déjà, le montre.

Alors on doit se souvenir d'une chose.
Qui défend la liberté d'expression dans le monde et qui l'attaque ?
Au cours des vingt dernières années, nous avons vu des scènes comme celle-ci, d'abord en Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak, récemment en Libye. Au moment où j'ai été nommé directeur de l'information de la chaîne satellitaire Libya Today, l'OTAN a bombardé l'immeuble, détruisant les studios et tuant sept techniciens. Et voilà, ici, c'est la même chose.

En fait, à chaque fois, le crime est commis par les mêmes, les Etats-Unis et l'OTAN. Donc, il faut en tirer une conclusion. Ce sont eux qui luttent contre la liberté de l'information. Ce sont eux qui refusent la liberté d''expression. Ce sont eux qui détruisent le droit international et qui renversent la justice.

Donc, maintenant, faites vous votre opinion. Qui dit la vérité et qui empêche de la dire ?

Thierry Meyssan.
01/07/2012