L'histoire de la criminalité est remplie de ces cas jamais résolus dits "cold cases" à l'anglo-saxonne. En français, l'expression "affaires classées" sonne moins bien car elle met en évidence que personne ne s'occupe plus de ces crimes. Les familles de victimes se sentent donc abandonnées et ce n'est pas qu'un sentiment, c'est un fait, elles le sont et doivent donc déployer toutes leurs ressources pour chercher elles-mêmes la vérité avec le peu de moyens dont elles disposent.
Une affaire qui me revient en mémoire en écrivant ces lignes est celle de cette jeune représentante ayant disparu dans le sud de la France avec sa voiture dont les parents ont eux-mêmes financé la location d'un hélicoptère pour rechercher le long du chemin parcouru par leur fille une hypothétique épave signalant qu'elle aurait eu un accident. Les moyens d'investigation de la république leur avaient été refusés. On se sent honteux d'appartenir à un tel pays quand on pense aux millions dépensés ailleurs en foutaises comme les tapis de l'Elysée ou la vaisselle du même palais qu'on a du mal à ne pas comparer à une résidence royale alors qu'il n'est en théorie que la résidence provisoire du premier fonctionnaire de cette république.
Parmi les "cold cases" internationaux, l'incendie criminel du ferry Scandinavian Star occupe une place de choix. Plusieurs départs de feu, commandes de la passerelle détournées au profit de la salle des machines, portes coupe-feu bloquées en position ouverte, alarme incendie désactivée, haut-parleurs réglés au plus bas rendant les consignes d'évacuation inaudibles dans les cabines, literie accumulée dans les étroits couloirs desservant la zone des cabines, raccords de canalisations de fuel retirés pour alimenter le sinistre, etc. Difficile de croire à la thèse de l'accident.
Le bilan de ce crime est de 169 morts.
En 2020, une série de films retraçant cette affaire a été diffusé sur les chaînes de télévision scandinaves. J'ai pu regarder ces films. Ils donnent la parole à ceux qui ont été les témoins directs de la catastrophe : passagers, membres de l'équipage, pompiers, sauveteurs. Malgré cela, la justice, tant norvégienne que danoise, ne réagit pas autrement qu'en balayant les arguments et les témoignages d'un revers de main. Doit-on encore utiliser le mot de "justice" ou bien ne devrait-on pas le remplacer par un code d'administration chargée de trancher en faveur du plus puissant, du plus offrant ou au pif ? Devrait-on parler d'incompétence crasse ou de corruption à peine dissimulée ?