vendredi 20 janvier 2012

Partage (première partie)

Hier, jeudi 19 janvier 2012, les autorités fédérales de l'état américain de Virginie ont fermé le site Megaupload, et accusé le personnel de piraterie. C'était le 13ème site le plus visité du net.

Le site de streaming Megavideo a également été fermé le même jour, pour la même raison.


Alors, je vais poser quelques questions :
Pour quand une loi interdisant à un être humain d'en regarder un autre car son image lui appartient ?
Pour quand, l'enregistrement de chaque expression, chaque gribouillis, chaque exclamation, pour en faire une propriété privée ? Et à terme, l'interdiction de parler sans créer de nouveaux mots, les autres ayant tous été privatisés ?
Pour quand, une taxe sur le droit d'ouvrir la bouche, sur le droit d'écrire, sur le droit de chantonner sous la douche ?
Vous croyez que j'exagère ? Non, j'anticipe, c'est différent.


Alors, à vous tous qui êtes pour des lois sur la sauvegarde des droit sur la propriété intellectuelle et l'enfermement jaloux de tout ce sur quoi vous croyez avoir un droit, je pose ma dernière question pour aujourd'hui :

Savez vous ce que signifie le mot "république" ?


L’étymologie du mot est latine : de res = chose, et publica = publique. La république est donc la chose publique. Publicus est l'adjectif attaché au substantif populus = le peuple.
La république est ce qui appartient au peuple, le bien commun de tous.

République a changé de sens ? Maintenant ça veut dire assemblée de propriétaires ? Remarquez bien, ça ne me surprendrait pas plus que ça.

 (à suivre)

16 commentaires:

  1. Du coup Anonymous a rendu inaccessible le site de Universal Music (Universalmusic.com), mais également le site de la Justice américaine (justice.gov), de l’industrie du disque aux Etats-Unis (Riaa.com) ou encore le site de Sony Music, et ça ne fait que commencer !

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  2. Il y a de bonnes raisons de protéger, jusqu'à un certain point, la «propriété intellectuelle», du moins d'assurer que celles et ceux qui génèrent des créations artistiques ou intellectuelles, soient correctement rémunéré(e)s pour leur travail. Là où il y a une marge, c'est lorsque que ce désir de protection se transforme, sous couvert de vouloir donner crédit là où il est dû, en manière d'assurer que, non pas les créateurs, mais les distributeurs possèdent les droits et en profitent (les créateurs recevant une portion bien minime de ce qui résulte de leur travail). Et les gouvernements deviennent alors, par le biais de mesures légales et judiciaires, les protecteurs de ceux qui les influencent (les distributeurs méga-pognonifiés -- puisqu'il faut inventer des mots) et non plus l'intérêt public.
    Je pousse ta réflexion étymologique plus loin: se basant sur les principes énoncés par Rousseau dans Du contrat social, les rédacteurs de la Déclaration d'indépendence des États-Unis d'Amérique ont enchâssé dans leur document constitutionnel le principe qui veut que lorsqu'un gouvernement ne répond plus aux besoins de la population, il est du devoir de cette population de remplacer son gouvernement...
    Bon. Voilà. On va me taxer d'être révolutionnaire, maintenant. Et pourtant je vis dans un pays qui est une monarchie constitutionnelle... et je m'en accommode plutôt bien.

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  3. Je n'ai rien contre les révolutionaires, Doréus :-)

    Malgré tout, j'ai du mal à penser qu'on puisse faire du profit avec une idée. Je suis contre la notion de brevet. Une idée utile pour la société devrait profiter de manière égale à tout le monde.

    Le jour où je réaliserai une sculpture, je n'imagine pas faire payer pour la regarder. L'état ne paye pas des royalties aux descendants de Rouget de Lisle pour la Marseillaise, pourquoi en serait-il autrement avec la Lambada ou autres Jonnhyhallidaiseries ?

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  4. Haaaa!... mega-pognonifiés... C'est vrai. Les artistes qui ne sont pas "pris en main" par ceux-là, justement, n'ont aucune chance.

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  5. Johnnyhallidaiseries passe mieux.

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  6. Merci, Al, pour la correction, on va faire un dictionnaire :-)

    Que dire des enseignants qui photocopient en trente exemplaires des passages de livres pour les étudier en classe ? Faut-il faire payer chaque livre à chaque élève et oublier que des familles qui ont à peine de quoi vivre doivent pouvoir avoir accès à la culture pour leurs enfants ?

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  7. Les artistes qui chantent devraient vivre de leurs concerts. Les enregistrements réalisés à partir de ces concerts ne sont pas du travail supplémentaire, pourquoi serait-il rémunéré ?

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  8. Je vais paraphraser mon cousin, mais ce sont des revenus issus d'une imagination de cornecul.

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  9. "lorsqu'un gouvernement ne répond plus aux besoins de la population, il est du devoir de cette population de remplacer son gouvernement"

    La révolution est donc un devoir.
    Merci, Doréus, j'ignorais ce détail.

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  10. Oui, Al, le citoyen a le devoir d'être un révolutionnaire pour faire respecter ses droits citoyens.
    Quant à la compensation aux créateurs, il y aurait tellement d'autres (et meilleures) manières de réaliser l'objectif que le copyright veut atteindre. Le professeur Michael Geist y réfléchit tout haut depuis de nombreuses années. Le Canada est présentement menacé par quelque chose qui ressemblera beaucoup à ce que les États-Unis cherchent à implanter, encore une fois pour protéger les grosses poches qui vivent du produit de créateurs.

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  11. Je vais aller visiter ce lien. Merci Doréus.

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  12. En fait, je suis plutôt indifférent à la fermeture de MégaUpload, dans le sens où c'est devenu un vrai business de ne pas en faire, de profiter du concept de liberté sur le web, et grâce à ça, MU est devenue une multinationale.

    Ce qui m'inquiète beaucoup plus c'est qu'il y ait une action menée contre ce genre de site.
    La différence pour moi étant que quitte à faire naitre une multinationale qui veut vendre de la création artistique, autant que ce soit celle qui rémunérera le mieux les artistes.

    Cependant, il faut faire un distingo nécessaire entre ce que l'on appelle "art" ou culture, ce grand fourre tout qui malheureusement encense non pas l'Art en lui même avec un grand A, ni la culture mais la création-business, cet air du temps fait pour dépenser notre temps et surtout notre argent, pour mobiliser notre partie de cerveau disponible qui ne doit surtout pas s'égarer à vouloir comprendre l'Art, qu'on lui cache, qu'on fait passer pour élitiste, pour ne rien remettre en question et faire tourner la machine à sous 24/24.

    MU et Cie, bien souvent, ne volent personne car ils ne mettent à disposition que de l'air du temps et non la culture, mais une certaine culture, celle des multinationales qui tire la création vers le bas pour s'en mettre encore et toujours plus dans les valises.

    En revanche, un artiste, même commercial, à partir du moment où il élabore une oeuvre à quelque degré que ce soit, a besoin de se nourrir.
    Les multinationales escrocs sont les seuls responsables.

    Tout le problème à mon sens est ce qu'on fait de la culture, de l'Art(s).
    Ce confusionnisme permet a beaucoup trop peu de personnes de s'enrichir aux détriments des autres. Aussi bien coté commercial que coté art pointu on va dire, qui peut atteindre des prix qui reflètent la schizophrénie de notre société capitaliste.
    Je ne cherche pas à faire de l'anti, mais il est évident qu'internet pose une question sur ce domaine qu'est la création artistique.

    Longtemps les tableaux de Maîtres, sculptures etc n'étaient visibles que par les rois, sa cour. Aujourd'hui on peut entrer librement dans des musées ..mais certains préfèrent les parcourir en un minimum de temps prenant ça pour du Disney Art.. tout le monde peut entrer dans des galeries d'art pointues. Pourtant, bien qu'un maximum de savoir soit disponible aujourd'hui, rien ne se passe, grâce à un système bien rodé qui permet habilement de cacher le savoir afin de nous donner à manger une culture aussi dictatoriale qu'elle l'était il y a des siècles.
    Sauf qu'aujourd'hui on peut dire aux gens " mais regardez vos pouviez y avoir accès"... Alors que ça n'est pas vraiment le cas.

    Aujourd'hui plus qu'hier, on peut contrôler les individus en leur créant des besoins...qui remplacent les chaines des "serfs"...(que l'on entend bramer à l'approche d'un nouveau Ifoune par expl.. Les guillemets ne concernant évidemment que le rapprochement fait avec le rut de ce cervidé...)

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  13. Il y a beaucoup de discussions possibles à partir de ton commentaire, Laorans :-)

    Je voudrais faire une remarque sur ce qu'on appelle "art" en général, qui recouvre une multitude de produits (le mot est choisi) qui vont de la Joconde à la série TV en passant par les jardins à la française et les bulles soufflées par les saltimbanques à Beaubourg.

    L'art est par essence, gratuit. C'est à dire qu'il n'a pas d'autre finalité que le geste. L'art n'est pas un bien, c'est une démarche.

    Pour prendre une comparaison, je pourrais montrer une photo prise dans le port de Kirkenes et dire "je suis allée à Kirkenes". En réalité, ma démarche aura été tout le voyage jusqu'à Kirkenes, avec la beauté de ses paysage, les conversations, les couchers de soleil, les tartines de saumon mariné, les bateaux, les fjords, le sourire des enfants, etc.
    Ceux à qui je montre la photo ne sauront rien de tout ça.

    De la même manière, les visiteurs du Louvre qui passent à la queue leu leu dans la galerie où se trouve la Joconde ne savent rien des motivations de Léonard de Vinci, ni de ses études, ni du rapport avec le modèle, ni du choix des techniques utilisées.
    L'art appartient à l'artiste, et même lorsque parait un "making of" comme c'est la mode à présent, il évoque rarement ces sujets mais plutôt le côté technique.

    Alors oui, l'artiste a besoin de se nourrir et il a de multiples solutions pour le faire à commencer par la vente du produit de son art lorsqu'il est matériel.

    Le musicien qui va composer une œuvre de quelques minutes et va passer une dizaine d'heures dessus doit se dire qu'après ces dix heures, son travail est terminé.
    S'il donne un concert, il y a une prestation supplémentaire, soit. Mais la propriété intellectuelle est un leurre, car ce titre est pratiquement toujours détenu par des tiers étrangers à l'art et motivé par le seul profit. Ces profiteurs ont inventé une manière de faire de l'argent avec du vent.

    A titre de comparaison, un peintre doit vendre ses œuvres pour gagner sa vie et il ne peut vendre chacune d'elles qu'une seule fois.
    Ce qu'il vend est donc bien le produit de sa création et non la création elle-même.

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  14. Et pour ce qui est de ton dernier paragraphe, j'en ris encore...

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  15. Je suis tout à fait d'accord avec ce que tu dis:
    "Mais la propriété intellectuelle est un leurre, car ce titre est pratiquement toujours détenu par des tiers étrangers à l'art et motivé par le seul profit. Ces profiteurs ont inventé une manière de faire de l'argent avec du vent."
    C'est ce qui me faisait dire que MU et Cie ne volent personne.

    Aujourd'hui, la plupart ne font que spéculer avec l'art, c'est même devenu une profession...

    L'art touche tellement de domaines que le sujet est plein de ramifications.

    Ce qui m'inquiète parfois, c'est ce qu'on fait des arts, qui pour moi, sont une barrière à la bêtise...

    Quand j'entends que Sarkozy se pose en défenseur de l'art...ça fait froid dans le dos quand on voit que la droite n'a fait que pourrir la vie des artistes, en interdisant des expositions d'artistes de renom mais qu'ils ne connaissent pas... évidemment...

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  16. Les artistes font la fortune de ceux qui les entourent et les exploitent, mais ils mangent tous de la vache enragée.

    Sarkozy n'est pas plus défenseur des arts que des artistes ou même de l'artisanat, qui peut aussi s'apparenter à l'art.
    Le problème de la classe politique actuelle, c'est son manque absolu de culture.

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