dimanche 18 mai 2008

Pardon et compassion

Compte-tenu des circonstances, je vous propose de réfléchir sur cette histoire, trouvée dans un journal :

"Un jour, dans le train en allant de Washington à Philadelphia, je me suis trouvé assis à côté d’un homme afro-américain qui avait travaillé pour le département d’état en Inde puis avait quitté son poste pour s’occuper d’un programme de réinsertion pour de jeunes délinquants du District de Columbia.

Les jeunes auxquels il avait à faire étaient des membres de gang qui avaient commis des meurtres. Parmi eux il y avait un jeune garçon de 14 ans qui avait tiré sur un jeune innocent et l’avait tué pour faire ses preuves face à son gang.

Au procès, la mère de la victime resta impassiblement silencieuse jusqu’à la fin. Le jeune fut déclaré coupable. Après que le verdict fut prononcé, elle se leva lentement, fixa le jeune du regard et lui dit : "Je vais te tuer ".

Le jeune fut emmené dans un centre pour délinquants et y resta plusieurs années. Après six mois, la mère de l’enfant tué alla rendre visite au détenu. Avant le meurtre, il avait vécu dans la rue, et elle était la seule visite qu’il ait eu. Ils échangèrent quelques mots, et avant de partir elle lui glissa quelques dollars pour qu’il s’achète des cigarettes.

Par la suite elle lui rendit visite régulièrement et lui apporta de la nourriture et des petits cadeaux.

Vers la fin de la sentence de ses 3 ans passés en prison, elle lui demanda qu’est ce qu’il avait l’intention de faire à sa sortie. Il était extrêmement confus et très incertain, alors elle lui offrit du travail dans la société d’un ami. Ensuite elle lui demanda où il allait loger, et parce qu’il n’avait de famille vers qui aller, elle lui offrit l’usage temporaire d’une chambre vide dans sa maison.

Pendant 8 mois il vécut là, mangea la nourriture qui lui était offerte et travaillait à l’endroit qu’elle lui avait trouvé.

Un soir elle l’invita à venir discuter dans son salon, elle s’assit en face de lui et attendit, puis elle commença à parler.
"Te souviens-tu, dans la salle d’audience, lorsque je t’ai dit que j’allais te tuer. "
"Et comment ! Répondit-il."
"Et bien, je l’ai fait"
et elle ajouta :
"Je ne voulais pour rien au monde que ce garçon qui a tué mon fils demeure vivant sur cette terre. J’ai voulu qu’il meure. C’est pour cette raison que j’ai commencé à te rendre visite, que je t’ai trouvé du boulot et je t’ai accueilli chez moi. C’est ainsi que je me suis résolue à te changer. Et ce garçon là, il est mort, bien mort aujourd’hui. Donc maintenant que mon fils est mort et que le meurtrier est mort, j’aimerais te demander si tu serais d’accord de rester. J’ai une chambre et j’aimerai t’adopter si tu le veux bien."

Et elle devint la mère du meurtrier de son fils, la mère qu’il n’avait jamais eu."


Jack Kornfield

Ce récit prouve que quelle que soit l'intensité des circonstances, la transformation du coeur est toujours possible.


4 commentaires:

  1. Désolé Cousine , cette histoire est sublime , mais elle me laisse froid . N'étant pas sur de l'existence d'une justice "Divine ?", je préfére m'en occuper dans ce bas monde , moi méme ! Je pardonne UNE fois pour paraitre élégant , aprés je flingue....Dans ma vie passée , certains s'en souviennent toujours ,et comme peu me chaud d'avoir des ennemis ....je me régale !

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  2. Il n'y a pas forcément de justice divine au sens où on l'entend généralement.
    L'un des meurtriers de mon compagnon a échappé à la justice des hommes faute de preuves.
    Deux ans après, il mourrait le même jour, écrasé entre deux tampons de wagons de marchandises.
    Hasard ou vengeance venue d'on ne sait où ?
    Bien malin qui peut le dire

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  3. Pardonner ne veut pas dire oublier.

    Si vous parvenez à pardonner, votre mémoire va se cicatriser.

    Vous allez vous souvenir de l'événement et vous n'aurez plus de ressentiment intérieur.

    C'est un peu comme une cicatrice dans votre chair. Quand vous touchez à une cicatrice, cela ne vous fait plus mal, malgré la trace que la blessure a laissée.

    Pardonner n'est pas non plus excuser.

    Excuser, cela voudrait dire que l'offenseur n'est pas responsable de ses actes ou qu'il ne l'a pas fait exprès.

    vous n'avez pas de pouvoir sur celui à qui vous pardonnez.

    Mais vous l'avez sur vous.

    Le pouvoir de vous guérir et de vous libérer.

    Le pouvoir d'être en paix avec vous même, celui de prier pour votre offenseur.

    Au fond, le pardon est égoïste, car en pardonnant vous atteignez une très belle qualité de vie.

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  4. Ce n'est pas en vain que j'ai publié le précédent commentaire.

    Je voudrais faire partager à ceux qui liront ce commentaire la légèreté de mon âme, débarrassée de ce fardeau de ressentiment qui pesait depuis maintenant 4 ans.

    Je viens de tendre la main à l'un des pires ennemis de mon passé, et il a eu l'intelligence de la prendre.

    Nous avons d'un commun accord décidé d'annuler la procédure en cours entre nous.

    Ce n'est pas pour ça que nous redeviendrons les amis que nous étions avant, mais la page des hostilités est tournée.

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D'avance, merci de vos réactions.