samedi 2 mai 2009

Le Bec Hellouin, histoire de l'architecture.

Vous savez sans doute que j'aime passionnément l'architecture. J'ai aussi une passion pour l'histoire et les deux ensemble font que je me sens particulièrement heureuse au milieu des vielles pierres et des ruines.
Il y a quelques temps, j'ai publié un article sur le prieuré de la Sainte Trinité à Beaumont le Roger, en ruines, justement. Les moines qui s'y trouvaient venaient de l'abbaye du Bec Hellouin, qui avait bien plus souffert des outrages du temps mais a été magnifiquement restaurée.
Cette abbaye étant située à quelques vingt kilomètres de chez moi, je m'y suis rendue à plusieurs reprises ces derniers temps dans le but de vous faire partager ce sujet.

Voici donc l'abbaye, vue du chemin aménagé sur l'ancienne voie ferrée de Pont Audemer, transformée en promenade et à présent bordée d'arbres, un endroit très agréable.


Ce qui frappe au premier abord, c'est la tour Saint Nicolas, dressée dans la vallée comme pour signaler qu'il se passe quelque chose par ici. Cette tour massive de onze mètres de côté a été construite pour supporter les quatre énormes cloches d'un poids total de douze tonnes dont les vibrations faisaient trembler le clocher de l'abbatiale à chaque sonnerie. Cet ébranlement étant jugé dangereux, Geoffroy d'Epaignes, trentième abbé du Bec, en commanda la construction en 1467.

Je me suis rendue aux archives dans le but de retrouver des documents sur l'ancienne abbatiale, et j'ai trouvé ce dessin, qui est en réalité la raison pour laquelle je suis allée me perdre sur la promenade, pour avoir approximativement le même angle de vue. Si j'ai mentionné les arbres, c'est parce que justement, pour avoir exactement le même angle, j'aurais eu devant moi une rangée de peupliers. Ce dessin a été fait en 1788, soit un an avant la révolution française.


Impressionnant non ? Ne manque t-il pas quelque chose sur la vue du haut ?
L'abbatiale, tout simplement, et pas n'importe quelle abbatiale !

Sur un plan en forme de croix latine, l'église était fort vaste. Vingt piliers supportaient le choeur délimitant 5 travées droites et 9 travées absidiales, ce qui en fait un choeur de la même importance que celui des cathédrales de Beauvais ou d'Amiens. Une série de contreforts et d'arcs-boutant à double volée butaient les voutes. L'abside, à neuf pans, était entouré de sept chapelles, dont celle de la Vierge du Bec, qui mesurait vingt mètres sur douze, dans l'axe de l'église.
L'image ci-dessus ne rend pas vraiment compte de l'importance de la construction, longue de cent trente mètres et aussi haute que Notre Dame de Paris, car il y manque la quasi totalité de la nef, écroulée en 1591 après le passage des huguenots sous le commandement de l'amiral de Coligny. Faute de moyens, elle ne fut pas reconstruite et en 1640, le portail monumental occidental fut rasé. Comme à Beauvais, l'église était tronquée. Il subsistait malgré tout deux travées de la nef, qu'on ferma par une façade classique. que l'on peut voir sur cette lithographie.
Elle semble bien moins grande sur ce document qu'elle n'était en réalité et il y manque le clocheton érigé sur la croisée du transept. La taille des personnages, sans doute ajoutés pour donner un peu de vie à la gravure, donne une fausse échelle. Il faut en effet garder à l'esprit que la tour Saint Nicolas faisait soixante mètres de haut. Le personnage central pourrait donc faire cinq mètres, ce qui n'est pas une taille courante pour un moine ! L'histoire ne dit pas si ce moine aux dimensions exceptionnelles n'était pas resté dans la cour parce qu'il ne pouvait pas passer par les portes de l'église...

3 commentaires:

  1. Je ne vais pas en rester là, j'ai encore beaucoup à dire sur cet endroit.

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  2. Bonjour, je cherche la réponse à cette question sur un blog ami:
    http://catherineirrempe.blogspot.com/2010/01/le-bec-hellouin-2.html
    Merci de me renseigner, si possible. Et tous mes vœux de bonne année!

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  3. Et bien cette girouette est une girouette moderne réalisée par un artisan selon le profil de l'une des gargouilles de la tour Saint Nicolas.

    Le tout est de savoir ce que représentait cette gargouille.

    Le bestiaire médieval est riches d'animaux imaginaires dont celui-ci fait certainement partie.
    C'est Geoffroy d'Epaignes, 30ème abbé du Bec, qui supervisa la construction de la tour au 15ème siècle qui détient probablement la vraie réponse à cette question.

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