J'avais exprimé mon opinion au sujet de cette affaire dans les billets suivants :
En Italie, Une nouvelle enquête sur l'accident voit le jour. Il n'est pas seulement question de rétablir la vérité, il faut également pointer la responsabilité de tous ceux qui ont menti, dissimulé, volé les preuves et fait obstruction à l'enquête. C'est pourquoi les conclusions du travail effectué par le Bureau d'Enquête du Sénat seront transmis à deux juridictions. Celle de Livourne pour rouvrir l'affaire et donner une explication à la tragédie qui a fait 140 morts dans la nuit du 10 avril 1991 et celle de Rome pour identifier et peut-être punir ceux qui ont tout fait pour travestir les faits.
Pendant de nombreuses années, l'omerta a été la règle. Maintenant, les magistrats ont accès à des documents qui n'ont jamais été exploités et à des preuves qu'on a tues. Ces éléments montrent le drame sous un jour nouveau.
Il y avait ce brouillard, qui devait tout expliquer. Un brouillard qui n'a jamais existé. Des témoignages, mais surtout des documents le prouvent. Vidéo et photographiques.
De même, il s'est avéré faux que le pétrolier Agip Abruzzo était amarré dans une zone autorisée. Les vérifications techniques le prouvent sans aucun doute et pour le confirmer il y a les quelques tôles du navire que les plongeurs ont récupérées dans les eaux du golfe de Livourne. Les mensonges sur la position du pétrolier sont donc définitivement écartés, malgré la rapidité avec laquelle les navires ont été déplacés après l'accident.
Chaque jour, dit le document final de la commission, l'équipage du pétrolier a annoncé sa position d'amarrage, sauf cette nuit-là. Pourquoi ?
Y avait-il quelque chose à cacher ?
Le soupçon est qu'il y avait un trafic de pétrole brut entre le pétrolier et une barge qui faisait des allers et retours dans le port. Dans les actes de l'enquête de l'époque on n'en parlait pas, mais les preuves recueillies au cours de ces deux années de travail le montrent clairement. Et cela explique aussi le fait que la citerne numéro 6 du pétrolier ait été trouvée ouverte, avec un tuyau pendant.
Au sujet de l'Agip Abruzzo, décare le président de la commission d'enquête Silvio Lai, nous avons également mis au jour un autre mensonge. Il n'est pas vrai qu'il avait quitté l'Egypte le 4 avril 1991. Dans les jours qui ont précédé l'accident, il avait déjà fait des escales dans les eaux italiennes.
Pour le savoir, il suffisait de consulter les dossiers d'assurance conservés à Londres. Pourquoi ce mensonge? Pourquoi personne n'a vérifié ces enregistrements? Pourquoi personne n'a-t-il inspecté le navire pour savoir ce qu'il transportait effectivement ?
Les proches des 140 personnes mortes sur le ferry veulent également connaître le sort de leurs disparus. A partir de l'emplacement de la découverte des corps, a déclaré Silvio Lai, on peut dire que tous les passagers avaient été rassemblés dans des pièces anti-feu et grâce à l'expertise dont nous avions besoin, deux experts médico-légaux ont déterminé qu'il n'était pas vrai qu'ils étaient morts en 20 minutes. Ce n'est également pas soutenable scientifiquement.
Nous ne pouvons pas expliquer pourquoi aucune analyse n'a été faite sur les corps des victimes. L'équipage a bien fait son devoir : non seulement l'accident n'est pas dû à la distraction du commandant du ferry, mais il n'est pas vrai non plus que tout n'a pas été fait pour sauver les passagers et éteindre l'incendie. Ceux qui n'ont rien fait pour éloigner de l'enfer les passagers du Moby Prince sont à chercher à l'autorité portuaire de Livourne et cela, la commission d'enquête l'a écrit clairement. "Il y avait beaucoup de gens qui auraient pu être sauvés. Plus d'une heure après l'accident, le ferry n'avait même pas encore été trouvé". Et les sauveteurs ne sont pas arrivés en retard, ils ne sont jamais arrivés. "Nous avons beaucoup de preuves, y compris le témoignage du seul survivant, que les passagers ont vécu longtemps au centre du ferry. Nous l'avons interrogé et il nous a dit qu'il avait souvent répété en criant aux sauveteurs qu'il y avait toujours des gens vivants à bord."
L'accord entre les compagnies maritimes pour indemniser, avec l'engagement de ne pas se poursuivre, avant même la clôture des enquêtes, la disparition des traces radar de la base aérienne américaine voisine, le fonctionnement curieux des radiocommunications italiennes et l'incompétence de la Capitainerie de Livourne sont autant d'aspects que la commission d'enquête n'a pas négligé d'étudier.
Pour les familles des 140 victimes, c'est la première lueur d'espoir depuis près de 27 ans. «Nous attendions ces mots depuis 27 ans mais nous les répétions depuis 27 ans, L'enquête sur cette affaire est une honte pour l'Italie» dit Angelo Chessa, le fils du commandant du ferry, qui a également perdu sa mère cette nuit-là. "Nous ne sommes toujours pas satisfaits", insiste Loris Rispoli, qui salue toujours sa soeur Liana: "Nous voulons maintenant que les responsables de cette grande tragédie soient punis et payent".
Sera t-il possible de retrouver et condamner tous les coupables ? Rien n'est moins sûr.
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