L'histoire de Grégory, ce petit garçon retrouvé dans la Vologne quelques heures après son enlèvement, a alimenté les pages des media pendant des années et fait encore parler. Au delà de ce qui a été dit, il y a aussi les convictions des uns et des autres et l'imagination a aussi sa part dans ces opinions.
Je comprends l'acharnement des parents qui veulent à tout prix savoir. Je comprends aussi celui de la presse qui a véritablement pourri l'affaire depuis le premier jour. moins motivé par la recherche de la vérité que par l'appât du gain. Vendre avant tout.
Ce que je propose à mes lecteurs est une vision personnelle, un récit issu de mes réflexions mais aussi de mon intuition, quand on ne pense à rien, au moment de se réveiller. Si j'utilise l'indicatif, c'est pour rendre le récit plus léger, mais on comprendra que ce n'est qu'une hypothèse.
Tout comme, pour le naufrage du Costa Concordia, il y a eu deux accidents distincts, le choc avec le rocher et ensuite le chavirage, il convient de scinder les événements en plusieurs parties.
1 - les agissements des corbeaux
2 - l'enlèvement
3- le crime
J'ai hésité avant d'écrire le mot "crime". Il se pourrait que ce ne soit pas le terme approprié mais je n'en ai pas trouvé d'autre. Comment appeler un accident provoqué ? Crime a été le mot utilisé par tous.
Je n'ai pas de doute sur le fait que Grégory a été enlevé devant chez lui comme l'avait dit Muriel dans son témoignage à la gendarmerie avant qu'on la fasse changer d'avis. Je crois effectivement que Bernard L. a bien enlevé le petit garçon et je crois même qu'il a posté la lettre de revendication, parce que ça faisait partie du scénario pour terroriser Jean-Marie et Christine. En revanche, je pense qu'il n'est pour rien dans les événements qui ont suivi et que ses larmes en apprenant qu'il avait été retrouvé noyé n'étaient pas feintes. Bernard avait un fils de l'âge de Grégory. Il savait combien les enfants sont précieux et faire disparaître Grégory pendant quelques heures n'était peut-être qu'une sorte d'avertissement à l'adresse de son cousin et de son épouse pour, comme on pourrait le dire familièrement, leur "rabattre le caquet". Une stupide plaisanterie de mauvais goût comme il y en avait eu d'autres, l'envoi des pompes funèbres au domicile du grand-père étant dans la même veine. Avec l'enlèvement, on montait d'un cran. Faire croire à des parents que leur fils unique avait été jeté à l'eau, ce n'est plus une plaisanterie, c'est de la torture.
Avec des suppositions, on fabrique une histoire et c'est ce qui s'est passé. Muriel n'a pas été écoutée. Elle n'a pas reconnu Docelles mais on n'en a pas tenu compte. Le fait qu'elle soit revenue sur son témoignage, après son retour dans sa famille et l'indiscrétion du juge d'instruction, l'a définitivement condamnée à être considérée comme une menteuse. En réalité, Murielle est une victime. Elle était adolescente à l'époque des faits et ceux qui la jugent ne peuvent pas savoir ce qu'elle a ressenti entre les menaces des uns et des autres et la peur d'être accusée d'un crime qui pouvait la mener en prison.
C'est vrai, Muriel a eu le tort, par peur, de s'enfoncer dans le mensonge. Lors de son interrogatoire de juin 1989, lorsque le juge Simon lui demande de confirmer qu'elle avait bien pris le car en précisant : " Bernard LAROCHE est venu vous chercher au CES et vous a ensuite emmenée à Lépanges, cela ne signifie pas pour autant qu'il soit l'assassin, il a pu tout simplement remettre l'enfant à quelqu'un dont il ne connaissait pas le projet". Elle maintient cette version mais tout le monde sait qu'elle ne dit pas la vérité. Pourtant, le juge lui tend la perche en évoquant une possible innocence de son beau-frère. Déjà piégée par le passé, elle n'a pas confiance. Qui pourrait l'en blâmer ?
Et après ?
L'enfant aurait été remis à une ou plusieurs personnes. C'est là que s'arrêtent les certitudes. Mon hypothèse est qu'autour du catalogue que Bernard et Michel, oncle de Grégory, ont feuilleté l'après-midi, les deux compères auraient pu imaginer cette mauvaise blague. Michel aussi avait un fils de l'âge de Grégory avec qui ce dernier aurait pu être retenu sans problèmes avant d'être rendu à ses parents. Grégory vient de manger la pomme que lui avait donné sa mère. Il a soif. Michel lui donne un verre d'eau et, stupidement, pendant qu'il boit, il donne une petite tape au verre pendant que Grégory boit pour que l'eau lui jaillisse à la figure. Seulement voilà. Grégory a avalé l'eau de travers, submergé par la quantité. Il ne peut plus respirer. Michel s'affole et demande à son plus jeune frère d'aller vite chercher ses parents. Le temps qu'ils arrivent, Grégory est inconscient. Si Michel n'a pas toute sa tête, la grand-mère de l'enfant, elle, comprend très vite que son fils va être accusé de meurtre avec préméditation, à cause de l'enlèvement, à cause de la lettre. Elle décide donc de maquiller l'accident en assassinat. Les agissement du corbeau égareront les pistes. C'est ce qui s'est passé. Ils partent ensemble avec la Datsun pour mettre le corps de Grégory à l'eau à Docelles. Ils ont eu le temps.
Ce n'est que mon hypothèse. Je me trompe peut-être mais ça collerait bien avec le peu d'eau retrouvé à l'autopsie et avec les emplois du temps des uns et des autres. Tous les protagonistes sont morts. Seuls restent les parents de Grégory, avec leurs incertitudes, les journalistes, qui pérorent régulièrement avec leurs analyses des lettres et coups de téléphone des corbeaux et enfin, ceux que la justice soupçonne régulièrement et qui ont vu leur vie devenir un enfer. Tout le monde a joué au corbeau, chacun pour ses raisons.
Je termine par une généralité qui reflète ma pensée en général : rien n'est plus précieux que la vérité.
Pour en savoir plus :
Soupir.
RépondreSupprimerLes pages de Claude Thinès ont disparu du web. Dommage.
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