Le 10 novembre 1914, sur le front du canal de l'Yser, un survivant raconte :
"Allemands et Français ne formaient plus qu'une grande mêlée hurlante qui tourbillonnait en ville et sur les bords du canal. On se fusillait à bout portant; on s'égorgeait à la baïonnette, au couteau, à coups de crosse, et, quand les crosses étaient rompues à force de cogner, on avait encore ses pieds, ses poings, sa tète, ses dents. A trois heures de l'après-midi, la moitié de nos hommes étaient hors de combat, tués, blessés ou prisonniers."
L'ennemi pourra prendre Dixmude, mais il ne passera pas l'Yser.
On ne passe pas, c'était la devise du 151ème Régiment d'Infanterie auquel appartenait Charles Eugène, dit Abel, le frère de mon grand-père. Il n'est pas revenu de cette boucherie comme des milliers d'autres, il a été tué dans cette bataille, le 10 novembre 1914, il y a 94 ans aujourd'hui.
Dans mes préférences de livres, il y a "paroles de poilus". Témoignages épistolaires, tant allemands que français, bouleversant de tendresse, d'amour, mais aussi de désolation, détresse et dévastation.
RépondreSupprimerJ'ai moi-même la correspondance envoyée par mon grand-père à ma grand mère.
RépondreSupprimerMariés en 1912, il était très tendre et attentionné, lui envoyant sans cesse sa localisation et des nouvelles pour lui dire qu'il allait bien, elle, plus distante, ne lui répondait que de temps en temps.
Il existe un forum sur internet où des internautes échangent des documents sur leurs aieux soldats pendant la première guerre mondiale.
RépondreSupprimerL'un d'eux a publié toute une correspondance.
Vous semblez sensible à la détresse du monde, Momo.
RépondreSupprimerIl faudrait plus de gens comme vous. L'égoïsme détruit tout.
Oui, Krn, j'ai lu ce forum. Il est très intéressant. J'ai aussi vu les efforts que tu as fait pour retrouver la sépulture d'Abel. Où en es-tu?
Toujours aucune certitude, mais des pistes.
RépondreSupprimerJe pense qu'il est illusoire de savoir. Les témoins sont tous morts et on retrouve encore, au hasard d'une fosse, des ossements impossibles à identifier. Les plaques d'identification ont été retirées et transmises à l'autorité militaire.
J'ai lu le témoignage d'une infirmière ayant assisté à l'inhumation de soldats tués le 10 novembre 1914, trois par fosse, les survivants, dix fois moins nombreux que les morts et épuisés, ne parvenaient pas à creuser assez vite pour enterrer tous ceux qui tombaient.