Moustique blues

J'ai été piquée par un moustique sur le genou. Ça n'a l'air de rien, mais un genou, c'est sensible. C'était sans doute dans les bois. J'y suis beaucoup allée ces derniers temps, pour prendre ma photo du mois, entre autres.

La photo du mois, je me suis imaginée que c'était un groupe d'internautes intéressés par la photo. En fait, non.
La photo est un prétexte pour aller au moins une fois par mois les uns chez les autres. Beaucoup se connaissent déjà depuis longtemps et les nouveaux s'intègrent plus où moins.
Ma première déception a été de voir qu'une minorité regarde toutes les photos, la deuxième que les commentaires ne sont pas suivis, si bien qu'on a l'impression qu'il s'agit d'une corvée dont on se débarrasse vite fait. Ça s'est arrêté là, car j'ai réalisé que ce groupe se comportait comme une société humaine et qu'il ne fallait rien en attendre de plus.

Je crois avoir été élevée avec des principes de politesse et de bonne éducation par mes parents, mais aussi que je souffre d'une caractéristique que je pourrais qualifier d'ultra-attention. J'utilise à dessein le verbe souffrir.

Au cours de ces dernières années, deux des personnes qui allaient devenir mes meilleurs amis ont eu suffisamment de désespoir pour attenter à leur vie. Je ne sais pas ce qui m'a poussé à appeler la première au téléphone ce soir là. La seconde m'a appelée d'une cabine téléphonique à plusieurs centaines de kilomètres et les mots ont sonné pour moi comme autant d'alarmes car c'étaient les mêmes que la première fois. Dans les deux cas, je me suis mêlée de ce qui ne me regardait pas. Dans les deux cas, cette ingérence a permis de sauver une vie menacée. Ces deux personnes ne faisaient pas partie de mes amis proches, elles le sont devenues.
Cette alarme est revenue me hanter il y a quelques jours et malgré moi, je suis inquiète pour quelqu'un, à la différence près que c'est quelqu'un que je n'ai jamais vu.
Alors, je me demande, à part tendre une main qui sera peut-être ignorée, mais c'est le moins que je puisse faire, est-ce qu'il était écrit que les deux premiers ne devaient pas mourir et qu'une sorte de grâce a guidé mes actes ? Et du coup, je me demande aussi où s'arrête le destin et où commence le libre arbitre ?

Et cette question me démange comme cent mille piqures de moustique sur le genou.