dimanche 5 août 2018

Jeu de piste

Le jeu de piste est (était ?) une activité récurrente chez les scouts. Ça les occupait pendant des journées entières. Il s'agissait de retrouver son chemin grâce à des indices et à des énigmes. L'administration de la France a bien retenu la leçon. Elle organise des jeux de pistes à destination des administrés qui cherchent à s'y retrouver dans la géographie à géométrie variable qu'elle leur fait endurer.
La géographie n'est déjà pas le fort des Français. Je me souviens avec une fatigue rétroactive d'un test auquel les élèves de mon lycée avaient été soumis, à savoir dessiner de mémoire la carte de France et y placer correctement quelques villes.
Je ne parle pas de villes comme Vendôme ou Aubusson (si elles se nomment encore de cette façon) mais de grandes villes comme Marseille, le Havre ou Bordeaux.
Le résultat, affligeant, avait été exposé. Ce qui sautait aux yeux en premier lieu était l'absence du Cotentin sur une majorité des cartes. Embêtant pour placer Cherbourg. Qu'à cela ne tienne, si Cherbourg était souvent absente, l'une des élèves l'avait placée au centre de la carte, à la place de Bourges. Cherbourg, Bourges, en verlan peut-être...
Paris prenait le plus souvent la place d'Aurillac, qui n'était pas parmi les villes à inclure. Les deux villes les mieux situées étaient Lille à l'extrême nord et Strasbourg, dans un angle droit à l'est. Au sud, dans l'angle du bas à droite, Marseille, qui prenait la place de Menton. je n'en dis pas plus, le reste était pire. l'hexagone avait viré au trapèze. Une lacune dans l'enseignement ? Je vous laisse juge.

Revenons au jeu de piste.
Récemment, cherchant un renseignement sur une commune de l'Eure, j'ai eu la surprise de voir que celle-ci n'existait plus, englobée dans un gloubi-boulga d'autres communes dont le nom générique inventé pour la circonstance n'a ni queue ni tête.
Damville, étymologiquement c'est la ville du seigneur, la ville du maître. Elle porte ce nom depuis le onzième siècle. C'est un repère important. Les noms font partie de notre patrimoine et en inventer de nouveaux est, comme le calendrier républicain après la révolution, une façon de faire perdre la tête aux Français. Je présume que c'est fait exprès.
Tout cela a été décidé dans l'urgence en mettant la population face au fait accompli, les élus ayant cédé au vilain chantage de l'état. Ça ne leur portera sans doute pas chance.

Le procédé n'est pas nouveau. La révolution, dans un accès de laïcité (c'est périodique, il n'y a pas longtemps, ça leur a repris) avait également tout transformé. Le jeu de piste est permanent depuis 1789 et l'instabilité républicaine donne du fil à retordre aux généalogistes qui cherchent les villages de leurs ancêtres.
Un exemple ? Qui pourrait deviner que Ruffepeyre se cache dans le nom de Clairvaux-d'Aveyron ? Ce sont les racines des Français que l'on détruit.

(A suivre)


1 commentaire:

  1. C est bien vrai. le véritable nom de ma commune me manque . Un damvillais

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