De jour, le trajet est agréable et je traîne toujours un peu. Cette nuit, j'étais en retard et mes chats avaient faim. De plus, un maladroit m'a descendu mon rétroviseur de gauche alors que j'étais à l'arrêt, je ne vois rien et ça me contrarie particulièrement.
Même si j'étais pressée, je n'ai pas roulé vite. Il est très fréquent de voir des animaux sur ce trajet et l'échantillon va de la grenouille au cerf.
Ce n'est pas mon renard. |
Ouvrant ma portière, je l'ai tout de suite vu là, à ma hauteur, par terre, allongé à un demi mètre de moi et je me suis sentie triste. Je suis sortie de ma voiture, en faisant attention de ne pas marcher sur sa queue, très belle et touffue, et je l'ai caressé. C'était un petit renard, pas tout à fait adulte, et son poil était doux. Sous ma main, j'ai senti qu'il était vivant et je l'ai réveillé. Il avait juste perdu connaissance.
Il s'est assis et m'a regardée pendant au moins une minute avec un regard curieux, puis, il a du réaliser que je n'étais qu'un de ces humains méprisables qui transforment les routes en cimetières et tirent sur tout ce qui bouge à l'automne, alors, il s'est éloigné, lentement, en se retournant plusieurs fois et a disparu dans l'orge qui borde la route.
J'ai attendu un peu et je suis repartie, rassurée. J'ai déjà ramassé beaucoup de bêtes par terre sur les routes, même si pour quelques unes il n'y avait plus rien à faire, j'en ai sauvé un certain nombre.
L'image ne représente pas mon renard, c'est un autre renard qui lui ressemble. Je n'ai pas pensé une seconde à traumatiser un peu plus cet animal en lui envoyant les millions de photons de mon flash à la tête.
Plus loin, j'ai raté un lièvre qui a démarré juste devant mon nez et un chat noir et blanc qui sautait une barrière. J'ai aussi vu une laie avec cinq marcassins qui fouissaient sur le bas côté.
La fonction première de ce défouloir, y écrire ce que j'ai dans la tête, mes coups de gueule et mes coup de coeur. Là, on est au rayon sentiments. Ce renard représente pour moi, l'autre. Bien sûr, il est arrivé comme un fou, mais il y a aussi des enfants qui déboulent en patin à roulettes ou en vélo et certains se retrouvent aussi nez à nez avec des voitures et en pensant à ça, j'ai senti que ça n'allait pas trop bien. J'avais un peu la nausée, un peu mal à la tête et le coeur qui battait un peu trop vite.
Je sais que je vais avoir du mal à dormir, car maintenant que je suis à l'abri à l'intérieur, je me rends compte que j'aurais eu envie de parler avec quelqu'un.
Alors, je le pense vraiment, la solitude est un luxe qu'on peut se permettre lorsqu'on est vraiment indépendant, mais l'isolement est une fatalité contre laquelle on ne peut rien. On ne peut pas forcer les autres à être plus attentifs ou moins égoïstes. On ne peut que penser aux voisins, à la famille ou aux amis qu'on aurait voulu avoir et se dire qu'on va devoir continuer à s'en passer.
Mise à jour du 24, soit le lendemain :
Ce soir, au même endroit, c'était un jeune taureau qui s'était échappé de son enclos. Il était roux aussi...
Sans vouloir vous contrarier, je pense que l'isolement est parfois choisi alors que la solitude est quasiment toujours subie.
RépondreSupprimerVotre petit renard s'en est bien sorti grâce à votre prudence car les routes de campagne sont hélas, trop souvent témoins des accidents de ce type et de conducteurs qui ne s'arrêtent que vous pester contre les dégâts subis sur leur véhicule.
Biches et sangliers sont nombreux par chez moi et après quelques frayeurs, sans dommage heureusement, j'ai fini par investir plutôt septique, dans un petit dispositif mécanique un peu coûteux (18 €) trouvé chez un détaillant de pêche et chasse.
Deux petits cylindres autocollants à poser sur les rétroviseurs latéraux.
Ils sont pourvus d'hélices qui s'activent avec la force du vent et qui, à partir de 60km/h, émettent des ultrasons repoussant les animaux, presque inaudibles pour l'homme (on les entend un peu au début, puis au fil des semaines on les oublie totalement).
Aujourd'hui, je me félicite de cet achat car après plus d'un an d'utilisation, force est de reconnaître qu'aucun animal ne s'est approché de la route à mon passage et plutôt qu'au contraire, ceux présents un peu trop près à mon arrivée détalent à toutes pattes en sens contraire, ce qui ne manque jamais de me faire sourire en pensant que ceux qui me suivent ne les heurteront pas non plus.
Cet équipement de broutille pourrait être monté d'office sur tout véhicule.
Cela ne coûterait pas grand chose et épargnerait beaucoup de vies animales ainsi que de constats d'assurance sans parler des frais de réparation.
Un petit post très touchant, que j'ai lu avec émotion...
RépondreSupprimerMerci pour la visite Eddy, du coup, je te fais un cadeau.
RépondreSupprimerMerci pour l'info, Anonyme.
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