Gérard Delépine qui, avec sa femme Nicole, a écrit le livre "Cancer : les bonnes questions à
poser à votre médecin", ainsi que d'autres livres nous parle du cancer du sein et de l'opération "Octobre Rose", une grande opération de communication sur l'importance du dépistage automatique du cancer du sein, qui se fait depuis 1985 aux États-Unis et depuis un peu moins longtemps en France. Quel est
l'intérêt de cette opération ? Quels en sont les bénéfices et quels en sont les inconvénients ?
Gérard Delépine a exercé en tant que chirurgien et cancérologue.
Il explique qu'il croyait aux vertus du dépistage parce qu'il est logique de chercher les cancers les plus petits possible car on sait que les plus petits donnent les meilleurs résultats.
Du moins c'était vrai dans les années 70. Depuis qu'il y a la chimiothérapie et la radiothérapie et depuis que l'imagerie médicale a fait ces progrès considérables, les choses ont complètement changé et actuellement il faut d'abord rassurer les gens. On guérit en moyenne entre 80 et 90% des malades qui souffrent d'un cancer du sein. Les seuls qui posent problème, ce sont les métastatiques qui, heureusement sont quand même relativement rares. Depuis qu'on a ces méthodes de traitement modernes, le dépistage n'a plus aucun intérêt. Simplement parce que avant on ne savait pas traiter les gros cancers alors que maintenant, on sait les traiter avec des chances de guérison tout à fait favorables.. Et deuxièmement les méthodes de dépistage sont devenues trop efficaces. On découvre beaucoup de petits cancers qui en fait n'auraient jamais ennuyé le malade sa vie durant. Elle avait un cancer et elle l'ignorait, et ce cancer, elle l'aurait ignoré toute sa vie. Elle serait morte avec son cancer, mais pas de son cancer et malheureusement quand on dépiste, personne n'ose ne pas traiter et donc le dépistage est un gros inconvénient, parce qu'il entraîne des traitements. Et ces traitements ne sont pas anodins. Ces traitements peuvent même tuer les gens. La chimiothérapie très rarement mais une à deux fois pour cent tue le malade.
L'hormonothérapie qui est un traitement excellent dans certaines formes de cancer du sein entraîne des complications osseuses et peut entraîner des phlébites et peut également tuer la malade. La radiothérapie qui est un traitement essentiel du cancer du sein, malheureusement, quand elle est du côté gauche, elle irradie non seulement le sein, mais aussi ce qu'il y a derrière : le cœur et surtout les petites artères qui nourrissent le cœur, les coronaires, et elle augmente considérablement le risque de faire plus tard, cinq, dix, quinze ans plus tard une coronarite, autrement dit un infarctus et d'en mourir. Autrement dit tous les
traitements qui sont indiqués, à juste titre, dans certaines formes de cancer du sein ont des inconvénients, et lorsqu'on fait un traitement pour une maladie qui met en jeu la vie, on gagne quelque chose pour le malade, mais lorsqu'on fait un traitement inutile on lui fait perdre des chances, c'est ce qu'on appelle le surtraitement. Les petits cancer dormants, c’est-à-dire qui n'évoluent pas, qu'on n'a aucun moyen
malheureusement de diagnostiquer, par aucun moyen technique, microscopique, chronomosomique et tout ce que vous voulez inventer, on ne sait pas les reconnaître de ceux qui vont évoluer. Leur taux dépend un peu des études. Les plus optimistes et c'est ce qu'il y a dans l’Institut National du Cancer, ils disent que c'est très rare, que c'est 10 à 15%. Certaines séries américaines disent que c'est 40 %.
Autrement dit, beaucoup de gens qui se croient avoir été guéris grâce au dépistage de leur cancer,ont en fait survécu uniquement au traitement qu'on leur a imposé inutilement. 
Et ils ont perdu le sein à cette occasion et cætera.
Maintenant, la question qu'on peut se poser c'est pourquoi est-ce qu'on promeut ce type de dépistage malgré cette abondance de surdiagnostics ?
Alors c'est un problème politique et financier. C'est d'abord un problème politique parce que les organisations qui sont pour la médecine sociale et pour le droit des femmes disent « C'est la seule
politique spécifiquement dédiée aux femmes que l'on peut leur proposer, c'est le seul avantage qu'on leur donne. » Drôle d’avantage que de perdre son sein inutilement, mais bon ! Chacun voit midi à sa porte et nos politiques ont dit ça, clairement : « Il faut sauver le dépistage parce que c'est la seule chose que l'on peut offrir aux femmes actuellement ». Et puis malheureusement il y a aussi le poids des lobbys. Malheureusement le cancer tue beaucoup de gens mais il en fait vivre également beaucoup plus. Et les mammographies sont une activité extrêmement rentable, la chimiothérapie, les tests, les chirurgiens qui font des chirurgies reconstructives, tous ces gens-là vivent bien du cancer et en particulier des cancers de dépistage qui sont les plus petits et les plus faciles à traiter, puisqu'ils n'ont pas besoin d'être traités. Et donc malheureusement cette dépense qui peut être évaluée entre un milliard, et un milliard et demi par an n'est pas perdue pour tout le monde.
Lorsque j'avais essayé avec un ancien directeur de l'INCa d'aborder le problème du dépistage en lui disant "Mais Monsieur, les statistiques actuelles, en particulier la grande étude canadienne qui montre que ça n'apporte aucun gain en survie d'être dépisté ou pas". Il m'a tout de suite arrêté en disant "Attention Delépine ! il n'est pas question de toucher au dépistage du cancer du sein". C'est un tabou. En France, vous êtes exclu de la bonne société du cancer si vous osez dire que le dépistage est dangereux ! Heureusement, il y a quand même certains épidémiologistes français qui ont eu le courage, eux n'ont pas le poids du lobby médical sur le dos facilement, et puis il y a beaucoup d'études en Amérique où les choses sont plus ouvertes, à l'étranger et aux Pays-Bas, au Danemark, et heureusement la médecine est mondialisée et donc, toutes ces connaissances et toutes ces études sont disponibles pour tous si on les creuse.En France, on a moins de liberté de pensée d'un point de vue médical par rapport au
cancer. Nous sommes réellement dans une tyrannie totale en France, puisque maintenant ce ne sont plus les médecins qui décident des traitements, mais c'est l'État, par l'intermédiaire de l'Agence Régionale de
Santé qui décide si vous êtes autorisé à traiter telle ou telle maladie. Des gens qui ne connaissent rien à . C'est totalement bureaucratique. C'est la raison pour laquelle la santé va si mal. 
Pour les malades, "Octobre Rose" n'a strictement aucun intérêt et ça me fait énormément de peine de voir ces femmes qui sont bien intentionnées, qui croient pouvoir faire quelque chose, qui sont trompées. On se moque d'elles, on les fait courir pour une mauvaise cause et c'est totalement désolant de promouvoir actuellement le dépistage alors que, toutes les données médicales sérieuses récentes. Je ne parle pas de ce qui a été fait il y a 25 ou 30 ans à l'époque on n'avait pas de traitement, il faut bien voir que les choses ont évolué. Mais toute l'analyse médicale actuelle montre que le dépistage est plus nuisible qu'utile aux femmes. Le nombre de mammectomies, d'ablations du sein a augmenté depuis le dépistage. Contrairement à ce qui est marqué dans toutes les affiches : "Faites-vous dépister et vous perdrez pas vos seins". C'est un mensonge. C'est le contraire qui s'est passé et pas seulement en France, dans tous les pays et en Amérique aussi il y a des livres qui ont été écrits là-dessus par des professeurs d'université, pas par des olibrius dans leur coin qui ont cru ça. L'étude canadienne, qui est une étude universitaire par l'université de Toronto faite à la demande du gouvernement canadien pour savoir si c'était utile a conclu que le dépistage ne sauvait aucune vie. 
Quand on regarde à 25 ans sur les 45.000 malades de part et d'autre : combien sont toujours vivantes, il y a davantage de vivantes chez les femmes qui n'ont pas subi de dépistage. C'est quand même angoissant, et je ne parle pas bien entendu des mammectomies où il y a eu 20% de plus chez les femmes qui sont dépistées. Donc toutes les données sérieuses sont à l'encontre du dépistage, mais on continue.
Il est certain que les grandes entreprises du médicament ont tout à gagner d'un dépistage qui donne donc des surdiagnostics, des diagnostics de cancer histologiquement vrais, mais qui ne sont pas des cancers
évolutifs parce qu'on consomme après des médicaments, puisqu'on les traite tous ces malades. Donc, "Big Pharma" gagne beaucoup avec Octobre Rose, c'est évident ! Mais c'est plus que ça, c'est tout un ensemble d'associations qui sont en général payées par le gouvernement ou subventionnées par le
gouvernement. Et on a l'impression de faire quelque chose d'utile. Malheureusement, tout ça est lié à une désinformation du public. Je ne dis pas un manque d'informations ! C'est une désinformation du public et si on donnait aux femmes à qui on propose le dépistage, les chiffres vrais comme les Suisses, les femmes ne seraient pas dépistées et le gouvernement doit être assez conscient de l'affaire, parce qu'il faut que nos concitoyennes sachent que lorsqu'elles vont voir un médecin qui leur dit "Vous devez aller à la mammographie parce que vous avez l'âge d'aller à la mammographie" - je parle bien de dépistage systématique chez des gens qui n'ont aucun signe - ce n'est pas du diagnostic précoce pour quelqu'un qui a un signe. Il faut faire des mammographies quand on a des signes, mais je parle de quelqu'un, qui en parfaite santé, qui n'a aucun signe, et qui va aller se faire faire une mammographie pour faire du dépistage. Eh bien, cette malade, cette personne-là se met en danger. C'est ça qu'il faut éviter, il faut
qu'elle sache, que le médecin qui lui conseille de se dépister touchera une prime, parce qu'il aura rempli son « Objectif Prioritaire de Santé » décidé par le gouvernement. Que si le médecin est obéissant, il touche de l'argent qui pouvait aller jusqu'à dix mille euros par an. La plupart des patients n'ont absolument pas conscience que le médecin est encouragé financièrement, par l'État à inciter ses patients d'aller se faire dépister pour le cancer du sein. C'est absolument dramatique car, si une action de santé était utile et indiscutablement utile, tous les médecins la conseilleraient. Donc, il n'y a aucune raison de lui donner de l'argent. Donc, si le gouvernement donne de l'argent à des médecins pour les inciter à dépister, c'est que l'intérêt du dépistage est douteux. Je pense qu'il faut que les gens le sachent. C'est une totale arnaque. 
C'est vraiment triste pour ces pauvres femmes qui y croient, qui sont sincères ! J'en ai vu plusieurs et ça me fend le cœur. Les radiologues sont très contents effectivement. Les chirurgiens aussi font des reconstructions du sein, c'est quand même un business beaucoup plus rentable puisque, les reconstructions n'étant pas aux tarifs de la Sécurité Sociale… On peut se faire plaisir ! Octobre Rose est quand même utile à un certain nombre de personnes. C'est nuisible pour les femmes en bonne santé, pas pour des patientes, on les transforme en malades. J'ajouterai juste une petite chose qui est destinée à nos politiques : il y a dix ans la représentation nationale s'était émue, du fait qu'on pousse sur le dépistage et qu’il n’y ait strictement aucune évaluation du dépistage. Chaque année vous avez un opuscule qui fait environ 100 pages qui font le point du dépistage et je le regarde chaque année avec intérêt, et je ne vois jamais de résultats. Dire qu'on nous dit "Attention, on a fait de gros progrès sur la technique de dépistage. Attention, il faut faire le truc tous les six mois plus un jour, ou tous les six mois moins un jour". Mais, rien sur "combien on a fait de mammographie, combien on a sauvé de seins, combien on a sauvé de vies", ce qui est quand même la base principale.
Les Canadiens ont fait cette étude à la demande du gouvernement canadien. Ils ont conclu que ça ne servait à rien. Il est quand même triste que la France n'ait pas fait l'équivalent alors que nous avons une Sécurité Sociale qui permettrait de savoir exactement qui a fait les mammographies et qu'est-ce que
ça a donné. C'est totalement fiché. 
Un film a été fait par Léa Pool sur l'industrie du cancer du sein, et ce n'est pas joli joli cette histoire. 
En tout cas, Octobre Rose est une énorme arnaque.  Il est temps de reprendre en main votre santé. Ne laissez pas vos seins se faire détruire pour rien et surtout allez chercher les informations par vous-même. Ne faites des mammographies que si vous avez des signes d'appel et non pas parce que vous recevez une lettre et qu'on vous dit que c'est gratuit. Quand c'est gratuit, c'est vous le produit.