J'ai écouté en direct l'allocution de Roselyne Bachelot sur le projet de loi de finances pour 2021. J'ai surtout retenu que les pauvres media grand public qui avaient souffert de la baisse de leurs revenus publicitaires pendant le "confinement" allaient être largement dédommagés et soutenus. De qui se moque t-on ?
J'ai également entendu parler des aménagements prévus dans les salles de spectacle pour respecter les distances physiques entre les spectateurs. Comme si cette situation était pérenne. Personnellement, j'engage les amateurs de cinéma et de théâtre à attendre que la situation soit redevenue normale avant de songer à aller se divertir en solitaire dans les salles obscures. Car il faut bien se poser la question, les baignoires de théâtre auront-elles deux fauteuils ou un seul ? Les couples d'amateurs de pièces de boulevards pourront-ils encore se murmurer quelques critiques à l'oreille ou devront-ils utiliser un subterfuge pour se comprendre ? Les plus savants pourront tapoter les rambardes en langage morse mais je souhaite qu'ils soient peu nombreux car rien n'est plus pénible que d'écouter une pièce dans une cantine où chacun y va de son coup de manche sur la table. Les autres auront toujours le secours de leurs "smartphones" dont la diversité des sonneries égaieront l'austérité des salles. Ce n'est pas moins agaçant.
Une autre phrase, répétée de nombreuse fois a été "l'accès à la culture pour tous dans tous nos territoires". Mais ma brave dame, vous avez une grave lacune, et c'est avoir bien mal préparé votre sujet que de n'avoir pas pris la mesure de ces "tous dans tous les territoires". Nous sommes loin des "celles et ceux" dont les féministes ont plein la bouche. Hier, et seulement hier, j'ai eu l'occasion de constater combien "tous" n'ont même pas la première marche pour envisager cet accès. Un homme qui vendait des livres de porte à porte est venu m'en proposer. Il en avait un dans les mains et je lui ai demandé ce que c'était comme livre. Il aurait pu en lire le titre mais il l'a ouvert et m'a montré la première page tout en me disant "regardez parce que moi, je ne sais pas bien lire". Il vendait des livres.
Un peu plus tard, alors que je me rendais au conteneur à verre, je suis passé devant une pancarte sur laquelle un voisin venant de créer son entreprise d'entretien des espaces verts avait écrit son nom et son numéro de téléphone. Le numéro était bon, mais cet homme ne savait pas écrire son nom. Il avait oublié deux lettres. Deux constats assez tristes en moins d'une journée.
Alors, madame Bachelot, avant de songer à la culture pour tous, voyez avec vos collègues du gouvernement, car l'urgence en France n'est ni sanitaire ni culturelle. C'est l'accès à l'instruction pour tous. C'est arrêter de recruter des nuls pour enseigner à nos enfants. Des nuls qui n'en ont rien à faire de l'instruction des futures générations et n'hésitent pas à faire copier à nos petits "j'ai été en vacances chez Mamy Thérèse" ou "avec Carrefour je positive". Je n'invente rien, mon fils a du copier ces phrases lorsqu'il était au cours préparatoire il y a une trentaine d'années. Les deux hommes dont je parlais un peu plus tôt sont de la même génération. La différence ? Leurs familles, pas l'école.
Alors, à quand, dans un projet de loi de finances, l'accès à l'instruction pour tous dans tous les territoires ?
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