Kärcher à balles réelles

Ce n'est pas parce que les Français sont en vacances que leurs élus le sont, témoin, ce texte paru au journal officiel du 29 juillet 2011, qui suscite un certain nombre de questions.

La première qui me vient à l'esprit, les autorités prévoient-elle une crise majeure ?

Lorsque j'étais adolescente, je me suis interrogée devant ce paradoxe : Nul n'est censé ignorer la loi mais, par ailleurs, la quantité de texte de lois rédigés dans un langage abscons de façon à ce que tout le monde ne comprenne rien est exponentielle, c'est à dire que quelqu'un qui voudrait connaître la loi dans son entier devrait y consacrer tout son temps libre de sa naissance à sa mort, car tout change tout le temps et chaque jour, le journal officiel nous inonde de publications qui font références à d'anciens textes dont une virgule a changé. Ni vu ni connu, je t'embrouille.

Un adulte avisé m'a alors dit : "chaque nouvelle loi correspond à une nouvelle situation". Je l'ai retenu.

Quelle est donc, aujourd'hui, cette nouvelle situation ? Une situation si préoccupante qu'on prévoit que la police, la gendarmerie et l'armée réunies n'auront pas les effectifs suffisants pour la contenir ?

Pour une fois, les législateurs, habituellement si prolixes, ont fait l'impasse sur ce que le terme "crise majeure" peut recouvrir et bien qu'il ait été présenté comme des dispositions permettant de résoudre une situation comme celle de Fukushima, on ne peut s'empêcher de penser que ces crises majeures pourraient être de type social ou politique. Un argument en faveur de cette hypothèse est que les travaux préparatoires en étaient commencés bien avant l'accident nucléaire au Japon. D'autres que moi y ont pensé comme en témoigne cette citation du général Jacques Mignaux :

« les véhicules blindés que nous utilisons sont à bout de souffle et nécessiteraient une rénovation complète. Nous sommes contraints à les « cannibaliser », Renault n'ayant plus de stock de pièces de rechange. Malgré ces difficultés, nous parvenons à maintenir un parc d'environ 70 à 80 véhicules. Face à cette situation tendue, j'ai choisi de privilégier l'entretien du matériel disposé outre-mer pour qu'il soit opérationnel en cas de désordres sociaux. Il en va de même pour les opérations extérieures, tels que le Kosovo ou la Côte d'Ivoire, les autres véhicules étant regroupés à proximité de la capitale à Versailles Satory ». (projet de loi de finances pour 2011)

On peut d'ailleurs rapprocher ce décret avec d'autres, publiés le 29 juin 2011, dans lesquels il est précisé qu'en cas d'émeutes et après deux sommations de se disperser, les forces de l'ordre auraient la possibilité de tirer à balles réelles (du 7.62) sur les manifestants, même si ce texte a été présenté comme le remplacement d'une arme dépassée par une autre ou encore, je cite :

"Art. R. 431-5.-I. ― Les moyens militaires spécifiques de la gendarmerie nationale susceptibles d'être utilisés au maintien de l'ordre sont les véhicules blindés de la gendarmerie équipés pour le maintien de l'ordre. Ces moyens militaires spécifiques ne peuvent être engagés qu'en cas de troubles graves à l'ordre public ou de risques de tels troubles et après autorisation du Premier ministre." Qui apprécie ces risques ?

Le véhicule blindé de la gendarmerie c'est le Berliet VXB170 ou encore VBRG, un engin de 14 Tonnes, avec un moteur de type V8, roulant à 85km/h, de 6 mètres de long et de la largeur d'un camion, on le voit ici , une lame de chargeur montée à l'avant.

Et, comme le hasard fait bien les choses, il est justement équipé du AANF1 qui tire du 7.62.

On accuse Kadhafi de tirer sur le peuple, mais c'est le gouvernement français qui l'imagine.

Pour finir, ce que je retiens de ce quinquennat, c'est un président grossier, des ministres véreux, des députés irresponsables et des lois scélérates et liberticides. Je souhaiterais donc que les candidats à l'élection présidentielle de 2012 proposent une solution à l'escalade de la violence envers les citoyens qui ne peut mener qu'à des effusions de sang.
Pour le retour à la démocratie, j'attends que ces textes soient purement et simplement abrogés et que les blindés servent à défendre les français contre les agressions extérieures et non de protéger une bande de pseudo-aristocrates qui ne pensent qu'à se remplir les poches en dressant les gens les uns contre les autres.